« Pas plus de cinq à six grammes de sel par jour, tout compris », recommande de consommer Émilie Jonneaux, diététicienne à Rennes. C’est-à-dire pas seulement celui issu de notre salière (15 % de notre consommation de sel journalier) mais aussi ceux présents dans notre alimentation. Car nos apports en sel émanent surtout des aliments que nous achetons en magasin, souvent transformés.
Le sel se cache dans presque tout ce que nous mangeons, sans que nous nous en rendions compte. Les professionnels l’appellent d’ailleurs le « sel caché ». Des sels « dangereux » pour Céline Keser, diététicienne rennaise, « car ils sont imperceptibles ».
« Chlorure de sodium » est l’autre appellation du sel. Un gramme de sel contient 400 mg de chlorure de sodium. Comptez au maximum 2 000 mg de chlorure de sodium par jour. Même si beaucoup moins suffirait.
Les aliments sucrés sont très salés
Étonnant : ce petit malin est souvent présent dans les aliments sucrés. Consommer un muffin allégé acheté en pâtisserie ou en grande surface couvrirait 20 % de nos apports journaliers en sel, par exemple. « La plupart des pâtisseries contiennent du sel parce que c’est un exhausteur de goût », expose Émilie Jonneaux. « Le sel permet aussi une meilleure conservation et d’alourdir les aliments tout en retenant l’eau », complète Céline Keser.
Conseil : préférez un fruit frais pour vos desserts ou en-cas. Si vous avez vraiment une envie de gâteau, mettez la main à la pâte et réalisez votre gourmandise vous-même.
Le pain, notre faux allié santé
« Tu as pris le pain ? », est une question qui revient tous les jours, voire plusieurs fois par jour au sein de nos foyers. Depuis toujours, il est au cœur de nos repas. Pourtant, le pain est très riche en sel. Il s’agit de notre première source de sel, représentant à lui seul environ 30 % de nos apports journaliers. Rien que deux tranches de pain blanc, soit environ ce que nous ajoutons à chacun de nos repas, correspondent à 16 % de nos apports journaliers.
« Les céréales sont aussi très salées », ajoute Céline Keser. Les corn flakes natures seraient plus salés que les sucrés, qui en contiennent aussi en grande quantité. Et là est le problème, souvent une portion de céréales ne nous suffit pas.
Conseil : dur de résister à une baguette croustillante ? L’idée n’est pas de bannir le pain mais de limiter sa consommation. Une tranche, pas quatre… Pareil pour les céréales, un bol suffit, et non deux. De préférence celles qui contiennent le moins de sel, comme des flocons d’avoine. « Pour cela, regardez la quantité de sel sur l’étiquetage nutritionnel et regardez la liste des ingrédients en sachant qu’ils sont classés par ordre décroissant selon leur quantité. Si le sel est inscrit en premier, fuyez ! », conseille Émilie Jonneaux.
Plats préparés et conserves à éviter
Les plats préparés sont eux aussi les rois du sel : « Les plats du commerce, soupes en brique, les sauces, les poissons et les légumes en conserve regorgent de sel », détaille Céline Keser. Toujours, notamment, pour son aspect conservateur (le sel contient un agent de levage, le bicarbonate de sodium). Les chiffres ci-dessous sont alarmants : un plat de lasagnes surgelées comblerait presque deux tiers de nos apports journaliers en sel.
Conseil : encore une fois, cuisinez vous-même, vous saurez ce que contient votre assiette. Jetez les plats préparés de vos placards, trop riche en gras, sucre et sel, la totale. Si vous êtes un adepte des noodles, plongez juste des pâtes dans une casserole (facile !). Troquez vos légumes en conserve pour des légumes du marché, et préférez les pizzas faites maison à celles congelées. Idem pour les burgers. You can do it !
Fromages et charcuteries, grands gagnants
Salami, lardons… On s’en était douté à son goût salé : la charcut’est une sacrée mine de sel.
Conseil : Mettez le frein à main sur la charcuterie et les fromages. Et surtout, ne salez pas vos pâtes carbo, les lardons s’en chargeront. Cuisinez votre viande avec un peu de sel si nécessaire, mais ne resalez pas à table ! « Nous pouvons remplacer le sel par des herbes aromatiques ou épices dans nos plats », conseille Céline Keser.
Que risquons-nous ?
Le sel participerait à la survenue de « l’hypertension artérielle et de certaines maladies cardiaques », explique Émilie Jonneaux. Nos reins se débarrassent de l’excès de sodium dans l’urine, mais parfois le sel pénètre dans le sang. Le sel attire l’eau si bien que beaucoup de sang se trouve pompé par notre corps et la pression est alors accrue sur le cœur. La rétention d’eau induite par une alimentation riche en sel provoque un mauvais retour veineux. Alors surtout, vous l’aurez compris, pas de sandwich salami fromage sauce et chips demain midi ! Cuisinez au maximum vous-même, et prenez, dès ce soir, la bonne habitude de vous passer de sel à table !